Extrait 1

Born A Crime, Trevor Noah

p. 3 – Introduction du chapitre 1 «  Run » – Partie 1

The genius of apartheid was convincing people who were the overwhelming majority to turn on each other. Apart hate, is what it was. You separate people into groups and make them hate one another so you can run them all.

 

 

At the time, black South Africans outnumbered white South Africans nearly five to one, yet we were divided into different tribes with different languages: Zulu, Xhosa, Tswana, Sotho, Venda, Ndebele, Tsonga, Pedi, and more. Long before apartheid existed these tribal factions clashed and warred with one another. Then white rule used that animosity to divide and conquer. All nonwhites were systematically classified into various groups and subgroups. Then these groups were given differing levels of rights and privileges in order to keep them at odds

 

 

 

Perhaps the starkest of these divisions was between South Africa’s two dominant groups, the Zulu and the Xhosa. The Zulu man is known as the warrior. He is proud. He puts his head down and fights. When the colonial armies invaded, the Zulu charged into battle with nothing but spears and shields against men with guns. The Zulu were slaughtered by the thousands, but they never stopped fighting. The Xhosa, on the other hand, pride themselves on being the thinkers. My mother is Xhosa. Nelson Mandela was Xhosa. The Xhosa waged a long war against the white man as well, but after experiencing the futility of battle against a better-armed foe, many Xhosa chiefs took a more nimble approach. “These white people are here whether we like it or not,” they said. “Let’s see what tools they possess that can be useful to us. Instead of being resistant to English, let’s learn English. We’ll understand what the white man is saying, and we can force him to negotiate with us.”

 

 

 

The Zulu went to war with the white man. The Xhosa played chess with the white man. For a long time, neither was particularly successful, and each blamed the other for a problem neither had created. Bitterness festered. For decades those feelings were held in check by a common enemy. Then apartheid fell, Mandela walked free, and black South Africa went to war with itself.

Le génie de l’apartheid a été de convaincre des personnes qui représentaient l’écrasante majorité de la population de se haïr les uns les autres. « Apart-haine », voilà ce que c’était. Séparer les personnes en les enfermant dans des groupes et les faire se détester pour mieux régner.

 

À cette époque, les Noirs étaient presque cinq fois plus nombreux que les Blancs en Afrique du Sud, et pourtant, nous étions divisés en clans de langues différentes : Zoulou, Xhosa, Tswana, Sotho, Venda, Ndebele, Tsonga, Pedi et bien d’autres encore. Bien avant l’instauration de l’apartheid, ces factions tribales s’opposaient et se faisaient la guerre. Plus tard, le règne des Blancs s’est servi de cette animosité pour diviser et conquérir. Toutes les personnes non blanches ont été systématiquement assignées à des groupes et à des sous-groupes. Puis, on a donné à ces groupes des niveaux variables de droits et de privilèges pour alimenter les antagonismes.

 

Parmi ces divisions, la plus profonde était peut-être celle qui existait entre les deux groupes dominants d’Afrique du Sud, les Zoulous et les Xhosas. L’homme zoulou est un guerrier. Il est fier. Il fonce au combat tête baissée. Lorsque les troupes coloniales ont envahi, les Zoulous se sont jetés dans la bataille, lances et boucliers au poing, contre des hommes armés de fusils. Les Zoulous ont été massacrés par milliers, mais ils n’ont jamais cessé de combattre. Les Xhosas, de leur côté, s’enorgueillissent d’être des penseurs. Ma mère est xhosa. Nelson Mandela était xhosa. Les Xhosas ont livré une longue guerre à l’homme blanc, mais après avoir constaté qu’il était futile de se battre contre un ennemi mieux armé, beaucoup de chefs xhosas ont opté pour une approche plus futée. « Ces Blancs sont là, que nous le voulions ou non », dirent-ils. « Voyons les outils qu’ils possèdent et qui peuvent nous être utiles. Au lieu d’être réfractaires à l’anglais, apprenons-le. Ainsi, nous comprendrons ce que dit l’homme blanc et nous pourrons le forcer à négocier avec nous. »

 

Les Zoulous ont fait la guerre à l’homme blanc. Les Xhosas ont joué aux échecs avec lui. Pendant longtemps, ni l’une ni l’autre de ces stratégies n’a été particulièrement couronnée de succès et chaque groupe a rejeté sur l’autre la responsabilité d’un problème qu’aucun des deux n’avait créé. L’hostilité s’est enracinée. Des décennies durant, ces sentiments ont été refoulés du fait de l’ennemi commun. Puis l’apartheid a pris fin, Mandela est sorti de prison, et la frange noire de l’Afrique du Sud est entrée en guerre contre elle-même.



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